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Gélules HPMC vs Pullulane, quand l’obsession du clean tourne à l’absurde

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Ce qu'il faut retenir :

  • Galénique de prédilection de la Nutra, la gélule allie efficacité et praticité.
  • Le fanatisme du tout veggie amène certains à discréditer la gélule HPMC au profit d’une nouvelle arrivante, la pullulane. L'HPMC ne présente pourtant aucun danger avéré.
  • Le choix du type de gélule n’a de sens qu’au regard de l'ingrédient à protéger.

Tout est dans le titre ! Pour certain, l’obsession du "clean" tourne à l’hystérie au point d’inventer des problèmes là où il n’y en a pas. La dernière à en avoir fait les frais, c’est cette pauvre gélule HPMC. Que nous disent nos inquisiteurs ? Qu’avec un acronyme qui résume un nom aussi complexe que "hydroxypropylméthylcellulose", c’est forcément mauvais… Les plus tendres parlent de solvants résiduels, mais les plus fanatiques poussent jusqu’au cancer ! Ce "camp du bien" opposerait à l’HPMC une alternative "plus respectueuse de l’environnement" et 100% "végétale" avec une gélule connue sous le nom de pullulane.

Sauf que dans la vraie vie, il n’y a pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Si chez Nutri&Co nous utilisons de l’HPMC, c’est qu’a priori, nous avons de bonnes raisons. Alors voici notre droit de réponse pour rétablir la vérité et vous aider à démêler le vrai du faux.

Pourquoi la gélule est le format de choix en Nutra ?

C’est vrai après tout, il y a plein d’autres formes galéniques possibles : sirops, gels, poudres, et même des bonbons ! Seulement voilà, sans être parfaite, la gélule coche le plus de cases d’une bonne forme galénique :

  • plus facile à avaler qu’un comprimé,
  • une concentration en actifs plus élevée que dans les liquides,
  • un dosage mieux maîtrisé et plus fiable que celui d’une poudre,
  • une action ciblée en délivrant les actifs au bon endroit entre l’estomac et le côlon,
  • une bonne stabilité dans le temps pour les actifs (oxydation et humidité notamment),
  • un usage "nomade" (par rapport à une bouteille de sirop par exemple),
  • l’élimination des problèmes de goût et d’odeur,
  • une faible teneur voir l’absence d’excipients contrairement aux comprimés (minimum 30%).

Toutes ces caractéristiques ont porté la gélule au zénith de la Nutra : c’est le format à la fois le plus courant et le plus plébiscité (70% des consommateurs en font leur forme préférée (1)). Victoire sans appel.

C’est fait comment les gélules ?

Les gélules en gélatine

À l’origine, les gélules étaient faites en gélatine. Oui, en gélatine animale, essentiellement issue de sous-produits de porc, de bœuf ou de poisson. Cette forme existe depuis le XIXème siècle ! Autant dire qu'au niveau fiabilité et sécurité on a du recul… Oui mais voilà, la vache folle et le mouvement "tout veggie" sont passés par là. Résultat ? Plus personne ne veut de gélule en gélatine.

Les gélules en HPMC

La première gélule végétale est apparue en 1998, et vous la connaissez bien, c’est la fameuse gélule HPMC, pour hydroxypropylméthylcellulose, ou encore hypromellose. Il s’agit d’une matière fabriquée à partir de cellulose naturelle via une "hémisynthèse". En gros, on part d’un polymère naturel et on réalise quelques étapes de synthèse pour arriver au produit final. Largement majoritaire sur le marché, elle est aujourd’hui bousculée car ces étapes de synthèse impliquent des solvants, un mot qui rime pour beaucoup avec cancer…

Sur le volet écologique, il faut pourtant noter que les solvants sont aujourd’hui bien "gérés" par l’industrie, avec un système de recyclage quasi-infini. Bien sûr c’est avant tout une question de coût, mais si la planète en profite aussi, pourquoi se gêner ?

Et sur l’aspect santé ? Car effectivement, pour beaucoup de "spécialistes", c’est là où le bât blesse... Selon leurs dires, ces gélules seraient bourrées de ces méchants solvants. Mais l’ont-ils seulement vérifié ? Non bien sûr, alors on l’a fait, et vous savez quoi ? Nous n’avons pas trouvé la moindre trace de solvant ! Et oui, nada (la preuve juste ici)… Pour cela, nous pouvons remercier notre Druide (directeur scientifique) Yazan qui s’est démené pour trouver un labo avec une méthode suffisamment précise.

Les gélules en pullulane

Si le label "végétal" est aujourd’hui contesté pour la HPMC, c’est uniquement parce qu’il y a un challenger sur le marché depuis 2012. Et comme notre industrie ne se soucie pas de l’éducation du consommateur, le marketing de cette nouvelle gélule est tout trouvé : elle est vraiment végétale, elle, encore plus que l’autre ! Et donc depuis la sortie de la gélule en pullulane, la guerre est déclarée, et le nombre d’articles dénonçant la "dangerosité de l’HPMC" ne cesse de croître sur les blogs d’"experts".

Mais c’est quoi au fait le pullulane ? En fait, c’est un polysaccharide produit par fermentation d’amidon de tapioca grâce à une souche extraite de champignon. Et c’est parce qu’il n’y a pas de solvants dans ce processus que certains osent clamer que cette gélule est PLUS NATURELLE et VEGETALE que l’HPMC.

Ah, petit détail important, ce polysaccharide a besoin d’un additif, le E407, ou carraghénane pour être moulé et utilisé comme base de gélules. Et alors, ce E407 est-il naturel ? Est-il toxique ? Quel score a-t-il sur les sites comparateurs d’additifs ? Débat sans fin... Et que diront les défenseurs de la pullulane si on découvre une matière végétale, encore plus naturelle et qui ne nécessite pas d’additifs ?

D’ailleurs, on ne rentrera pas dans la description de l’impact écologique des modes de production par fermentation, car les "experts" risqueraient de vraiment nous en vouloir en sapant leur fonds de commerce…

Alors, on fait comment ?

On en oublierait presque l’essentiel : la fonction première de la gélule. Cette tunique a pour but d’acheminer des actifs, parfois sensibles, à bon port.

Et pour y voir plus clair, voici un petit tableau récapitulatif des principaux types de gélules et leurs caractéristiques.

 HPMC  Pullulane  Gélatine
 Numéro E  E464  E1204  E441
 Additifs nécessaires  /  carraghénanes E407  /
 Origine  Végétale  Végétale  Animale
 (porcine, bovine ou marine)
 Utilisée depuis  1998  2012  1847
 Sûre  Oui  Oui  Oui
 Autorisée en UE  Oui  Oui  Oui
 Vegan  Oui  Oui mais Non  Non
 Possible en BIO  Oui  Non  Oui
 Imperméabilité à l'oxygène  Moyenne  Forte  Forte
 Exposition à l'eau pour les actifs  Faible (3-5%)  Forte (13-16%)  Forte (13-16%)


Vous l’aurez compris , le débat entre pullulane et HPMC ne doit pas être porté sur la question de la naturalité ni des solvants ou additifs. Parce que ces deux gélules ne représentent aucun risque pour la santé, le choix se fait uniquement au regard du type de matière que la gélule se devra de protéger et des labels visés.

  • Les gélules en pullulane ne sont pas possibles en BIO (par définition, puisque la matière est produite par fermentation).
  • Les gélules en pullulane ne sont pas possibles en Vegan. En fait, ça dépend de votre interprétation. Est-ce que les microorganismes sont compatibles avec le Vegan ?
  • Les gélules en pullulane ne peuvent pas accueillir des probiotiques qui sont sensibles à l’humidité.
  • Par contre la pullulane est adaptée à des actifs qui ne craignent pas l’humidité mais qui sont sensibles à l’oxygène.
  • Certaines matières premières sensibles comme l’extrait de brocolis de notre Antioxydant qui se conserve au frais (le fameux sulforaphane) ont été testées pour leur stabilité dans des gélules HPMC, car c’est la forme dominante sur le marché. Donc pour les utiliser et garantir leur stabilité, on n’a pas vraiment le choix.
  • Pour de l’huile de poisson, le plus logique est d’utiliser… De la gélatine de poisson ! Car même si la pullulane protège de l’oxydation, elle n’est pas faite pour accueillir des liquides.
  • Dans tous les cas, la dissolution des gélules est rapide dans l’estomac et pour emmener des actifs au côlon (probiotiques), il faut utiliser des gélules "gastro-résistantes" avec une couche de gomme gellane par exemple.

Notre conclusion

Chez Nutri&Co, parce que l’efficacité prime avant toute autre chose, le choix d’une gélule ne se fait qu’au regard de ce qu’elle aura à protéger et du lieu où elle devra libérer ses actifs. On ne le dira jamais assez, mais l’humidité est l’ennemi numéro 1 des actifs Nutra, ce qui favorise de fait l’utilisation massive de l’HPMC.

Et puis vous commencez à nous connaître, proposer un actif 100% naturel et végétal dans une gélule elle aussi 100% naturelle et végétale, le tout sans aucune efficacité avérée, ce n’est pas Nutri&Co. Cela veut-il dire que la naturalité n’a pas sa place en Nutra ? Non, bien entendu, mais cette promesse se doit d’arriver après celle de l'efficacité.

N’oubliez pas les amis : Qui Vivra Nutra !
A bientôt !

Référence

(1) Étude Phytolia, 2017 : https://www.phytolia.plantes-sante-beaute-bien-etre.fr/fileadmin/user_upload/Pays_de_la_Loire/093_Eve-phytolia/Cerner_les_enjeux_de_la_filiere/Etude_Phytolia_Comportements_achat_consommation_Complements_alimentaires_a_base_de_plantes_rapport_detaille.pdf

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