Ginkgo Biloba

Le Ginkgo biloba est un arbre, seul représentant de la famille des Ginkgoaceae. Son feuillage est particulièrement reconnaissable, avec ses feuilles en forme de trèfle qui prennent une couleur jaune à l’automne. Il semble originaire de Chine méridionale. Ces feuilles et ses graines sont utilisées en médecine traditionnelle chinoise depuis plusieurs siècles. Il fut introduit par la suite en Corée et au Japon où il devint un arbre sacré, planté à proximité des temples. 

Le Ginkgo biloba, survivant d'Hiroshima et symbole de longévité

On parle de lui comme d’un “fossile vivant”, étant apparu il y a environ 200 millions d’années et n’ayant pas subi de changements majeurs depuis, avec un mode de reproduction toujours primitif (on parle d’espèce panchronique). Il est connu pour sa longévité et sa résilience, certains individus pouvant dépasser les 3000 ans. Il fut même la seule espèce d’arbre à survivre au bombardement d’Hiroshima en 1945, bourgeonnant à nouveau l’année suivante. 

Il est utilisé en médecine traditionnelle chinoise depuis plusieurs siècles. [1]

L'arbre aux quarante écus d'or

Le Ginkgo biloba fut introduit en Europe par Engelbert Kaempfer, un médecin botaniste allemand au service de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, qui séjourna au Japon à la fin du XVIIe siècle. Pour l’anecdote, le Ginkgo biloba est également appelé “l’arbre aux 40 écus” car il s’agit de l’importante somme payée par un botaniste amateur, M. de Pétigny, à Londres en 1788 pour en acheter 5 exemplaires et les rapporter en France.

Le Ginkgo biloba contient plusieurs composés actifs qui lui sont spécifiques, et qui tirent leur nom de cette plante : 

• Le bilobalide : c’est l'un des principaux terpénoïdes des feuilles de Ginkgo biloba, un lactone terpénique qui joue un rôle dans plusieurs effets pharmacologiques des extraits de Ginkgo biloba et possèderait des effets neuroprotecteurs. [2]
• Les ginkgolides : ce sont les autres lactones terpéniques, des molécules également spécifiques au Ginkgo biloba. On en distingue à ce jour 8 types : les ginkgolides A, B, C, J, K, M, Q et P. [2-4]
• Les acides ginkgoliques : il s’agit d’acides carboxyliques qui se trouvent dans la partie externe pulpeuse de l’ovule du Ginkgo biloba, et qui, contrairement aux autres composés, ont des effets négatifs, pouvant notamment provoquer des allergies cutanées. [5]

On trouve également d’autres composés d’intérêt, en particulier des flavonoïdes sous forme glycosylée, ou glycosides de flavonol, tels que des procyanidines, de la quercétine, de l’isorhamnétine et du kaempférol. [5]

Le Ginkgo biloba est une source importante d’antioxydants dont certains lui sont uniques, et qui sont responsables de ses bienfaits.

Le Ginkgo biloba est un inhibiteur du récepteur du facteur d'activation plaquettaire (PAF), une molécule jouant un rôle de médiateur pour le système immunitaire, l’inflammation et l’agrégation des plaquettes sanguines. Cet effet est en partie responsable des bienfaits du Ginkgo biloba sur la circulation sanguine et de son action antithrombotique, effet qui s’étendrait au cerveau. [6]

Le Ginkgo biloba semble aussi agir sur la dopamine. Une supplémentation pourrait augmenter les concentrations de dopamine dans le cortex préfrontal, grâce à l’action des flavonoïdes qu’il contient. [7] Une légère augmentation de la dopamine a aussi été observée dans la striatum, une structure au centre du cerveau responsable de la motivation et de la prise de décision.[8] In vitro, le Ginkgo biloba semble réduire les dommages causés par le stress oxydatif aux neurones qui entraînent une baisse de la sécrétion de dopamine.[9]

Le Ginkgo biloba semble aussi avoir une action sur la sérotonine. Une supplémentation pourrait augmenter la captation de sérotonine par les neurones.[10] Le déclin avec l’âge des récepteurs de sérotonine 5-HT1A serait atténué avec une supplémentation chronique de Ginkgo biloba.[11] Les récepteurs 5-HT1A sont connus pour influencer positivement la libération d’acétylcholine dans l’hippocampe.[12] Cela pourrait expliquer les bienfaits du Ginkgo biloba sur les capacités cognitives chez les seniors.

Enfin, le Ginkgo biloba agit aussi sur une troisième catégorie de récepteurs de neurotransmetteurs, les récepteurs cholinergiques. Les effets protecteurs du Ginkgo biloba sur les tissus du cerveau pourraient permettre une préservation du signalement et de l’activité de l’acétylcholine, un neurotransmetteur impliqué dans la mémoire, l'apprentissage et le système nerveux périphérique.

Les  glycosides pourraient aussi augmenter les concentrations d’acétylcholine dans le cortex préfrontal.[13-15]

Le Ginkgo biloba aurait aussi un effet sur la neurogenèse. In vitro, le bilobalide est capable de stimuler la prolifération neuronale, ce qui pourrait apporter des bienfaits au-delà d’une amélioration des capacités cognitives, notamment sur la réparation des nerfs.[16,17] Plusieurs études in vivo ont également observé cet effet de prolifération neuronale dans plusieurs zones du cerveau suite à la prise orale de Ginkgo biloba. Une supplémentation de 240 mg par jour d’un extrait standardisé de Ginkgo biloba (l’EGb-761, enregistré dans la pharmacopée) chez des patients schizophrènes a montré une augmentation de la concentration dans le sang de BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), une molécule qui promeut la survie, la croissance et la plasticité des neurones. [18] Ce même extrait a montré une capacité à réduire les dommages cognitifs et l’excitotoxicité chez des souris, via l’action antioxydante du bilobalide et des ginkgolides. Le bilobalide pourrait aussi préserver les pertes neuronales dues aux protéines β-amyloïdes, impliquées dans la maladie d’Alzheimer, comme montré dans des études in vitro et sur des souris. [19-21]

Les composés actifs du Ginkgo biloba agissent dans le cerveau à de nombreux niveaux : sur le métabolisme de plusieurs neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine, acétylcholine) et sur la santé et le développement des neurones.

Plusieurs études cliniques réalisées avec le Ginkgo biloba n’ont pas montré d’effet cognitif particulier chez des sujets jeunes en bonne santé. Mais dès que l’on observe des sujets plus âgés, les bienfaits deviennent plus notables. Des personnes âgées de 45 à 56 ans prenant 240 mg par jour d’un extrait standardisé de Ginkgo biloba pendant 6 semaines ont vu une amélioration de leur mémoire.[22] Une étude sur des personnes âgées de 62 à 85 ans a observé une amélioration des performances cognitives avec 12 semaines de supplémentation, dont certains effets dès la quatrième semaine.  

Une autre étude avec des personnes d’une tranche d’âge similaire (55 à 86 ans) a fait prendre 180 mg par jour de l’extrait EGb-761 pendant 6 semaines, avec comme résultat une amélioration de la mémoire et de la vitesse de traitement des informations.[23] Ces bienfaits ont aussi été observés avec 180 mg d’un extrait basique de feuilles.[24]

Si on regarde du côté de personnes souffrant de déclin cognitif avancé, on observe également un intérêt d’une supplémentation de Ginkgo biloba. Des personnes diagnostiquées de démence ont reçu 240 mg par jour de l’extrait EGb-761 pendant 24 semaines, et ont vu une amélioration de leur mémoire et de leurs performances cognitives comparée au placebo.[25] Une autre étude avec la moitié de la dose (120 mg /jour) pendant 1 an a également observé ces mêmes bienfaits.[26] D’autres études sont venues renforcer les données sur les effets du Ginkgo biloba chez les personnes souffrant déjà de déclin cognitif pour cause de démence.

Une autre situation dans laquelle les capacités cognitives peuvent souffrir grandement est un accident vasculaire cérébral (AVC), pendant lequel le cerveau va manquer d’oxygène et de glucose. Une étude clinique a été réalisée en Chine sur près de 200 adultes venant de subir un AVC dans les 2 précédentes semaines, qui ont été supplémentés en  Ginkgo biloba pour la moitié d’entre eux (240 mg / jour d’EGb-761 pendant 24 semaines). Les participants ont vu une meilleure amélioration de leur mémoire, de leurs capacités verbales et de leurs fonctions exécutives par rapport au groupe contrôle.[27] 

De nombreuses études cliniques sont venues confirmer les effets in vitro et in vivo du Ginkgo biloba sur le cerveau, en particulier pour lutter contre le déclin cognitif.

La perte de l'ouïe soudaine est une affection auditive courante, dont les symptômes cliniques sont une perte d'audition unilatérale, des acouphènes, des vertiges ou des nausées. Une des causes possibles serait un problème circulatoire entraînant des dommages au nerf auditif et au conduit auditif. Étant donné ses propriétés sur la circulation sanguine, le Ginkgo biloba a aussi été étudié pour ses effets sur cette problématique. Une méta-analyse regroupant 27 études et plus de 2600 participants a conclu à une meilleure récupération par rapport au seul traitement standard avec des dosages quotidiens allant de 20 à 140 mg d’extrait par jour.[28]

Le nerf optique étant relié directement au cerveau, les molécules actives sur ce dernier ont souvent des bienfaits également sur la vue. Le glaucome à pression normale (GPN) est une dégénérescence progressive du nerf optique alors que la tension oculaire ne dépasse pas la moyenne contrairement au glaucome classique. Une supplémentation de 160 mg par jour de l’extrait EGb-761 pendant 4 semaines chez des personnes souffrant de GPN semble favoriser la circulation sanguine oculaire, et chez des personnes souffrant en plus d’une réduction de leur champ visuel, une supplémentation de 120 mg par jour a permis d’augmenter leur acuité visuelle.[29,30] D’autres travaux ont également observé une meilleure circulation sanguine oculaire également chez des sujets sans problème de santé.[31]

Les bienfaits du Ginkgo biloba sur la circulation sanguine semblent se transférer sur l’audition et la vue, en particulier en cas de dégradation de celles-ci.

Certains travaux auraient aussi observé une réduction des symptômes de l’anxiété, avec des effets anxiolytiques. Chez des sujets jeunes souffrant de trouble anxieux généralisés, la prise de 240 ou 480 mg par jour d’extrait de Ginkgo biloba (EGb-761) pendant 4 semaines a permis une réduction des symptômes, avec un effet qui a eu besoin de la durée complète pour être observé. Des bienfaits ont aussi été observés sur le stress, en particulier sur les niveaux de cortisol et la pression artérielle.[32,33]

Les travaux sur les animaux suggèrent que le Ginkgo biloba pourrait aussi être utile contre les symptômes dépressifs. Une étude clinique réalisée sur 136 adultes seniors souffrant de dépression aurait observé une amélioration de ces symptômes et une réduction de la protéine S100B, un marqueur de dommage cérébral, en parallèle d’un traitement d’antidépresseur. [34] Une autre étude chez des personnes souffrant de dépression post-AVC a également montré une réduction des symptômes dépressifs avec 8 semaines de supplémentation.[35] D’autres études sont nécessaires pour comprendre comment le Ginkgo biloba peut agir précisément sur cette problématique.

Les bienfaits du Ginkgo biloba dans le cerveau semblent s’appliquer également au stress et à l’anxiété et pourraient s'étendre à la dépression, bien que cette dernière soit complexe et puisse avoir de nombreuses causes. 

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