Les différentes formes de malnutrition
Lorsqu’on utilise le terme de malnutrition, on pense immédiatement à la dénutrition. Ce n’est pas faux, mais la malnutrition englobe d’autres problématiques. En effet, la malnutrition peut concerner les personnes qui ne mangent pas suffisamment, mais aussi celles qui mangent trop gras, trop sucré, qui manquent de vitamines, etc. La malnutrition correspond à un déséquilibre alimentaire. Considérée comme une maladie, elle peut avoir de graves répercussions sur la santé. Alors, quelles sont les différentes formes de la malnutrition ?
Qu'est-ce que la malnutrition ?
La malnutrition se définit comme une alimentation qui ne répond pas aux besoins vitaux de l’organisme (1), (2). L’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé) définit la malnutrition comme l’état de carences, d’excès ou de déséquilibre dans l’apport nutritionnel ou énergétique d’une personne. Cela signifie qu’elle peut prendre la forme de :
- Carences en vitamines et minéraux.
- La sous-alimentation et la dénutrition.
- Un surpoids ou de l’obésité
- Des maladies non transmissibles liées à l’alimentation (maladies cardiaques, AVC, diabète...).
La malnutrition affaiblit le système immunitaire, que ce soit sous la forme de la dénutrition ou des carences en vitamines. Le malnutri devient ainsi plus vulnérable face aux maladies. Elle doit donc être soignée le plus rapidement possible pour éviter les complications.
Le problème de la malnutrition est qu’elle est divisée en deux pôles extrêmes, à savoir la dénutrition, le plus souvent dans les pays pauvres et l’obésité, qui touche les populations les moins aisées des pays riches.
Quelles conséquences et symptômes ?
La malnutrition peut avoir différentes conséquences et peut se manifester sous la forme de différents symptômes.
Dénutrition
La dénutrition (3) se caractérise par une alimentation pauvre en énergie, en protéines et en nutriments nécessaires pour assurer les besoins nutritionnels. La plupart du temps, elle est le résultat d’une diminution drastique des apports alimentaires. Elle peut également être le fait d’une maladie qui augmente les pertes d’énergie. Elle se caractérise par plusieurs symptômes.
Fatigue
Lorsqu’on ne consomme pas suffisamment de calories, de vitamines et de minéraux, on n’a pas suffisamment d’énergie pour assurer les fonctions normales de l’organisme. On tombe donc dans l’asthénie, ce qui correspond à un état de fatigue intense prolongé.
Amaigrissement
Quand on mange moins que ce que nous dépensons, nous n’ingurgitons pas suffisamment de calories et donc, d’énergie pour satisfaire les besoins de notre organisme. Notre métabolisme s’adapte, le corps va donc puiser dans ses réserves puisque les besoins énergétiques ne sont pas couverts par l’alimentation.
Le corps va donc fabriquer du glucose, son énergie principale, à partir des protéines musculaires. Cela cause donc une perte de la graisse, mais aussi des muscles. Le sentiment d’appétit peut également se réduire. On a de moins en moins faim.
Ainsi, la dénutrition se remarque la majeure partie du temps par une perte de poids involontaire drastique et donc, une insuffisance pondérale.
Dans certains cas, la dénutrition et le manque de protéine peuvent provoquer des œdèmes au niveau du ventre, des pertes de cheveux, etc. C’est le cas des jeunes enfants dénutris qui ont manqué de protéines durant leurs premiers mois, même dans le ventre de leurs ères. Il s’agit du trouble de Kwashiorkor.
Troubles psychiques
L’alimentation influence la santé mentale. La dénutrition peut donc avoir des répercussions sur l’humeur, mais aussi sur les fonctions cognitives. En effet, les carences nutritionnelles ont le même effet que le stress sur l’organisme. Cela a donc de véritables conséquences négatives au niveau de la santé mentale, ainsi que des déficits cognitifs.
Affaiblissement des défenses immunitaires
La dénutrition altère aussi le système immunitaire. Lorsqu’on ne mange pas suffisamment, on n’assure pas les fonctions essentielles telles que l’immunité. Le zinc, le calcium et la vitamine E sont des nutriments essentiels pour le système immunitaire. Ainsi, en cas de dénutrition, on peut être en carence et donc, fragiliser la résistance de nos défenses immunitaires.
On devient plus à risques face aux pathologies (cancers), aux infections, aux bactéries, aux virus, etc.
D’ailleurs, l’état de dénutrition s’accompagne de problèmes gastriques qui empirent la perte de poids : nausées, diarrhée, vomissements, malabsorption intestinale sont très courants.
Infections respiratoires
La dénutrition peut favoriser les infections respiratoires bronchopulmonaires (pneumonie). Les défenses immunitaires étant altérées, cela accroît l’adhérence bactérienne, en particulier au niveau des organes respiratoires.
On remarque cela dans les services gériatriques, mais aussi dans les services pédiatriques dans les pays en voie de développement. Selon l’UNICEF, les jeunes enfants en insuffisance pondérale peuvent attraper des pneumopathies nosocomiales dans les pays comme l’Éthiopie ou le Nigéria.
Infections urinaires
Lé dénutrition peut également occasionner des infections urinaires, en particulier chez les femmes, qui peuvent remonter jusqu’aux reins et donc, être très graves.
Chutes
Lorsqu’on est en dénutrition et en état de maigreur, lorsque l’organisme a tellement puisé dans les muscles que le corps n’est plus suffisamment fort, il y a plus de risque de faire des chutes, par épuisement.
État grabataire
Lorsque la dénutrition est critique, le patient devient un grabataire. C’est-à-dire qu’il ne peut plus se lever, tellement il n’a plus de force. Dans ce cas, il est indispensable d’aller aux urgences. Le risque de décès est présent. Il faut donc un diagnostic.
Hospitalisation
En cas de dénutrition, il est important d’aller à l’hôpital pour bénéficier d’une prise en charge. Le médecin procédera à une évaluation et à un diagnostic pour connaître l’état de dénutrition. En cas de dénutrition sévère, le patient pourra aller en soins intensifs si les risques de mortalité sont élevés.
Carences en vitamines et minéraux
La malnutrition désigne également les carences en vitamines et minéraux (4). En effet, on peut avoir une alimentation suffisante en quantité, mais pas toujours en qualité.
En effet, le corps a besoin de calories, mais il a également besoin d’aliments riches en vitamines, minéraux et nutriments de qualité pour fonctionner. Ces micronutriments doivent être trouvés dans l’alimentation. Aussi, la carence nutritionnelle a lieu lorsque l’organisme n’absorbe pas suffisamment de micronutriments. Les carences peuvent occasionner des problèmes de santé plus ou moins graves :
- Des problèmes de digestion.
- Des problèmes cutanés.
- Une hyperthyroïdie (carence en iode).
- Une fatigue chronique (carence en fer ou en magnésium).
- Etc.
Pour éviter les carences, il est important de manger varié et équilibré, ou d’avoir recours aux compléments alimentaires pour assurer ses besoins nutritionnels.
Surpoids et obésité
Le surpoids et l’obésité sont également des types de malnutrition (5). Pourtant, la surcharge pondérale correspond au fait de consommer plus d’énergie que ce que nécessite l’organisme. En nutrition, l’obésité se définit comme l’excès de masse graisseuse qui entraîne des inconvénients pour la santé. C’est donc le contraire de la dénutrition. Pourtant, le fait de se nourrir en quantité ne signifie pas qu’on se nourrisse en qualité.
C’est un problème qui concerne le monde entier, en particulier les pays riches et qui touche autant les adultes que les enfants. Selon le malnutrition universal screening tool, ce fléau touche de plus en plus de pays à revenu faible ou intermédiaire. En effet, les produits très caloriques, mais pauvres en nutriments de qualité (les produits de fast food) coûtent moins cher que les produits frais plus qualitatifs. Les populations pauvres n’ont donc pas accès aux produits de bonne qualité. Les carences sont largement démocratisées.
Le problème du surpoids et de l’obésité est que malgré la surcharge pondérale, on risque d’avoir des carences en de nombreux micronutriments.
Par ailleurs, même sans carences, l’obésité et la surcharge pondérale sont des facteurs de risques de nombreuses maladies comme le diabète, les AVC, les maladies cardiaques, etc. De plus, lorsqu’on est obèse, on ne peut plus faire d’activités physiques à cause de la surcharge pondérale. Les risques de mortalité sont donc élevés.
La lutte contre la malnutrition doit être un projet mondial. Ce dernier concerne également l’obésité, qui est une véritable maladie. La nutrition est d'ailleurs un enjeu mondial et politique, à l'heure où les pénuries sont de plus en plus fréquentes et où l'humanité est de plus en plus nombreuse.
Références
1 - Corish CA, Bardon LA. Malnutrition in older adults: screening and determinants. Proc Nutr Soc. 2019 Aug;78(3):372-379. doi: 10.1017/S0029665118002628. Epub 2018 Dec 3. PMID: 30501651.
2 - Bhutta ZA, Berkley JA, Bandsma RHJ, Kerac M, Trehan I, Briend A. Severe childhood malnutrition. Nat Rev Dis Primers. 2017 Sep 21;3:17067. doi: 10.1038/nrdp.2017.67. PMID: 28933421; PMCID: PMC7004825.
3 - TREMOLIERES J. [Denutrition syndrome]. Maroc Med. 1959 Jul;38:1019-23. French. PMID: 13839266.
4 - Dupont R, Longué M, Galinier A, Cinq Frais C, Ingueneau C, Astudillo L, Arlet P, Adoue D, Alric L, Prévot G, Cabarrou B, Sailler L, Pugnet G. Impact of micronutrient deficiency & malnutrition in systemic sclerosis: Cohort study and literature review. Autoimmun Rev. 2018 Nov;17(11):1081-1089. doi: 10.1016/j.autrev.2018.05.010. Epub 2018 Sep 10. PMID: 30213693.
5 - Kobylińska M, Antosik K, Decyk A, Kurowska K. Malnutrition in Obesity: Is It Possible? Obes Facts. 2022;15(1):19-25. doi: 10.1159/000519503. Epub 2021 Nov 8. PMID: 34749356; PMCID: PMC8820192.
Rédigé par l'équipe Nutri&Co
Notre équipe scientifique est composée de Diététicienne et Docteure en Sciences de la Nutrition, Ingénieur en Nutrition et Science des Aliments, Naturopathe.