Ce qu'il faut retenir :
- Nos modes alimentaires sont empreints d’une vision liée au bien-être animal.
- Loin des idées reçues, il ne s’agit pas d’un phénomène récent, mais bien d’une philosophie dont les racines sont ancestrales.
- Aujourd’hui, grâce à la Nutra, végétarisme et végétalisme ne sont plus synonymes de carences.
À travers le monde, un nouveau mouvement s’est récemment invité dans les restaurants, les rayons de supermarchés, certains repas de famille et même les cantines scolaires. Après la diététique et les "faut pas manger ci, faut pas manger ça", c’est au tour des régimes sans viande de monopoliser le débat. On a tous quelqu'un dans notre entourage qui nous sensibilise au véganisme et aux causes que cette vision défend. Les faits sont là : le nombre de végétariens et de végans est en forte croissance. Mais d’ailleurs, savez-vous bien faire la distinction entre végétarisme, végétalisme et véganisme ? Retour sur les concepts et l'histoire de ces différents mouvements, entre tradition, régime alimentaire et philosophie.
Qui est quoi et qui consomme quoi ?
En France et en Europe, quand on parle de végétariens, il s’agit en général d’ovo-lacto-végétariens. Ce sont des personnes qui ne mangent ni viande, ni produits de la mer, mais qui consomment des œufs, du lait, du fromage et autres produits laitiers. Mais il existe d’autres formes de végétarisme :
- les ovo-végétariens qui vont accepter de manger des œufs mais pas de produits laitiers,
- les lacto-végétariens, pour qui ce sera le contraire,
- les pesco-végétariens, qui consomment du poisson (1).
Les raisons que défendent les végétariens sont multiples : éthique animale, raisons environnementales, santé ou bien simplement par goût.
S’il existe différents types de végétariens, c’est qu’ils peuvent être animés par différentes motivations, dont le niveau d’exigence peut varier. Et lorsque toute source alimentaire animale ou produite par l’animal est exclue (comme le miel), on parlera de végétalisme.
Au niveau au-dessus, on retrouve les vegans qui ne se limitent pas à l’assiette mais s’étend à tous types de produits : vêtements, cosmétiques, matériaux, divertissements... (2). C’est très simple, être végan, c’est bien plus qu’un régime, c’est un mode de vie ! Un mode de vie qui fait de plus en plus parler de lui.
Pythagore, premier végétarien ?
Figurez-vous que ces régimes et modes de vie sont bien plus anciens que l’on ne le pense. En effet, en Asie, et plus particulièrement en Inde, le régime végétarien, pour sa part, est pratiqué depuis des millénaires par les Jaïns, une communauté religieuse prônant la non-violence humaine et animale (3). Et c’est durant l’Antiquité qu’il prend ses racines en Occident, représenté par nul autre que Pythagore en personne. Ce dernier était un fervent défenseur du respect de la vie animale (4). Pour se nourrir, il exhortait ses concitoyens à puiser dans la Nature "les mets qui ne sont pas payés par le meurtre et le sang". Il soutenait aussi la théorie de la métempsychose, le passage de l’âme dans le corps. Ainsi, l’âme d’un animal tué ou maltraité pouvait être la réincarnation de celle d’un homme et, en ce sens, méritait toute considération. Cette doctrine a fait de lui le premier végétarien, voire le premier végan, malgré un contexte où autorités politiques et religieuses et certains philosophes, comme les Stoïciens, prônent l’alimentation animale. Plus tard et à travers le temps, d’autres penseurs se rallient à la cause animale (5) : Empédocle, Plutarque, Ovide, Sénèque, et Léonard de Vinci.
Au Moyen-Âge, le régime végétarien perd du terrain mais des adeptes persistent : les cathares avec leur régime pesco-végétarien, Saint-François d’Assise et ses disciples, pour qui l’animal est création de Dieu…
C’est au XVIIIème siècle que l’éthique animale se réaffirme, notamment portée par Voltaire et Rousseau, deux végétariens défenseurs du droit des animaux. Ensuite, en 1847, la première société végétarienne voit le jour : La Vegetarian Society, suivie d’un siècle plus tard de la Vegan Society (5), donnant ainsi naissance aux termes de végétarisme et véganisme.
Et de nos jours ?
Aujourd’hui, ces régimes poursuivent leur essor également en raison d’une prise de conscience de la surconsommation de protéines animales, avec les conséquences environnementales, éthiques et santé que cela entraîne. Les nouvelles recommandations du PNNS (Programme National Nutrition Santé) plaident même en faveur de la réduction de nos sources alimentaires animales.
Par ailleurs, les préjugés selon lesquels végétarisme et végétalisme conduisent à des carences (en vitamine B12, fer, omega-3,...) sont peu à peu contestés, voire contrés par des études démontrant la corrélation de ces régimes avec une “bonne” santé (5,6). Sociologiquement, le végétarisme serait également associé à une plus grande attention portée à un bon équilibre alimentaire.
Et la Nutra dans tout ça ?
Si par le passé, il n’a pas toujours été évident d’assurer ses besoins en étant végétarien ou végétalien, la diversification de l’alimentation et les progrès de la Nutra (en protéines végétales, vitamine D3 végétale, fer, oméga-3, ou vitamine B12) permettent de les combler.
Publications
(1) Peter Clarys, Tom Deliens, Inge Huybrechts and al. Comparison of nutritional quality of the vegan, vegetarian, semi-vegetarian, pesco-vegetarian and omnivorous diet. Nutrients. 2014 Mar 24;6(3):1318-32.
(2) Mathieu S, Dorard G. Végétarisme, végétalisme, véganisme : aspects motivationnels et psychologiquesassociés à l'alimentation sélective. Presse Med. (2016),http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2016.06.031
(3) Ophélie Véron. Aux origines du végétarisme. Conférence, 2019. France Culture url : https://www.franceculture.fr/conferences/bibliotheque-publique-dinformation/aux-origines-du-veganisme
(4) Renan Larue. Le végétarisme et ses ennemis. Vingt-cinq siècles de débats. Hors collection. Éditeur : Presses Universitaires de France. 2015.
(5) Claus Leitzmann. Vegetarian nutrition: past, present, future. Am J Clin Nutr. 2014 Jul;100 Suppl 1:496S-502S.
(6) Winston John Craig. Nutrition concerns and health effects of vegetarian diets. Nutr Clin Pract. 2010 Dec;25(6):613-20.