Ce qu'il faut retenir :
- La spiruline se développe en climat tropical : la France ne peut la cultiver toute l’année.
- Les prix sont ainsi 4 à 5 fois supérieurs aux spirulines méridionales.
- Pourtant, sa qualité ne dépasse pas la moyenne mondiale.
Naturalia, Bio C’Bon, Biocoop ou encore La Vie Claire… Les spirulines françaises ont envahi les linéaires des enseignes bio ! Mais que valent-elles vraiment ? Qui les produit ? Et pourquoi une marque vantant le Made in France comme Nutri&Co n’en est pas le premier ambassadeur ? On vous explique tout !
Des prix prohibitifs sur la spiruline française
C’est un fait, la spiruline n’est pas issue de nos contrées tempérées (1). Pour se gorger de nutriments et se multiplier, elle nécessite un climat que seules les régions tropicales sont capables de lui offrir. Ainsi, quand les fermes les mieux situées cultivent l’algue toute l’année avec un rendement moyen de 12 g/m2/jour (2), les producteurs français ne disposent que de 9 mois et n'atteignent les 15 g/m2/j que quelques jours par an (la moyenne se situerait plutôt autour des 2,5 g/m2/jour) (3). Pour poursuivre la production en période hivernale, chauffage et éclairage sont nécessaires, engendrant un surcoût considérable. C’est donc sans surprise que des différences de prix significatives apparaissent avec une spiruline française se négociant 4 à 5 fois plus chère que sa cousine tropicale.
Et le coût de main d’œuvre alors ? Pas vraiment… la culture de spiruline n’est pas gourmande en main d’œuvre, c’est d’ailleurs ce qui permet aux fermes californiennes et hawaïennes de s’aligner sur les prix dits « tropicaux ».
Située à Rochefort, la ferme pilote de Charly Margain produisait sans doute l’algue la plus qualitative de l’hexagone avec ses 22,15% de phycocyanine (4). Ces bassins ont toutefois changé de propriétaire fin 2015 (5).
Une qualité surévaluée en France
Une idée tenace voudrait que nos producteurs soient les seuls garants de la qualité face au rouleau compresseur des grandes fermes asiatiques. Mais chez Nutri&Co, nous pensons que c’est un mythe…
N’en déplaise aux puristes du 100% Made in France, les pays asiatiques se sont intéressés à la spiruline dès les années 70 (6) (7). Chez eux, la phycocyanine est étudié depuis le début des années 90 (8). On vous passe le décompte des brevets en culture de micro-algues, le Japon, la Chine et l’Inde ont 30 ans d’avance sur nous. Dire que 100% de leur production présente une qualité douteuse serait clairement exagéré. Comme partout, il y a du bon et du moins bon.
De son côté, la spiruline de France n’est pas nécessairement une garantie de qualité. Niveau propreté, des cas de haute teneur en métaux lourds ont déjà été signalés, et comme toutes les fermes de la planète, il arrive parfois qu’un bassin soit contaminé (9). Sur le plan nutritif, les très hautes teneurs en phycocyanine (18-22%) restent rares et sont issues de sites pilotes de faible capacité (10). La moyenne se situe plus autour de 12%. Notons aussi qu’en date de cet article, une unique ferme française a été certifiée biologique (AB), Cyane située en Bretagne, près de Quimper.
S’il est vrai que les bassins français restent pour l’heure de petites tailles, deux unités industrielles ont vu le jour : Cyane en Bretagne avec ses 30 tonnes de capacité annuelles et Algae Natural Food en Alsace (11). Contrairement à notre analyse de 2017 où nous estimions que ces mastodontes allaient rapidement s'accaparer les 3/4 de la production française, il semblerait que les petites exploitations dominent toujours très largement le paysage français.
Notre arbitrage
Face à un prix variant du simple au quadruple sans justification qualitative, que faire ? Nous avons opté pour la solution consommateur la plus économique, d’autant plus que cultivée sans éclairage ni chauffage, notre spiruline affiche un bilan carbone neutre, malgré son importation (13). En plus de cumuler 35 ans d’expérience, notre producteur indien est le premier à avoir développé une culture 100% biologique.
Et puis rassurez-vous, notre spiruline est passée au crible suivant les règles de sécurité sanitaires françaises : contrôle des teneurs annoncées, analyses bactériologiques, métaux lourds et pesticides, notre laboratoire de conditionnement est certifié ISO 22000 afin de vous garantir un produit irréprochable ! Vous pouvez retrouver toutes les analyses sur la page de notre Spiruline.
(1) Une souche camarguaise aurait toutefois été isolée par Gilles Planchon en 1996.
(2) MicroAlgae Production Processes, Normal yields of outdoor Spirulina culture ponds (summer versus winter), Georges Bonnin : http://microalgaeproductionprocesses.simplesite.com/433509272?i=147127965 // Echanges avec Imran Pasha, Parry Nutraceuticals, producteur indien de spiruline et fournisseur de N&C.
(3) Analyse de la faisabilité d'un couplage de production de biogaz et spiruline. Etude réalisée pour le compte de l'ADEME par DECID & RISK et ESETA, coordination technique ADEME : Julien THUAL, octobre 2015, page 21 & 34.
(4) Gourmet Spiruline avance 22,15% de phycocyanine dans sa spiruline cultivée à Rochefort avant 2016 : https://gourmet-spiruline.fr/a-propos/jt-de-france-3.html
(5) Connaissez-vous la spiruline, micro-algue maintenant produite à Rochefort ? - 20 octobre 2017 à 6:05 - Par Gérald Paris, France Bleu La Rochelle. https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/et-vous-connaissez-vous-la-spiruline-micro-algue-maintenant-produite-a-rochefort-1507278866
(6) History of spirulina industry in China : Interview with Hong-Jun Hu, Août 2015, Algea World News https://news.algaeworld.org/2015/08/history-of-spirulina-industry-in-china-interview-with-hong-jun-hu/ Le professeur Hu est considéré comme le père de la spiruline en Chine. Il commence à l’étudier dans les années 70 lorsqu’il soutien sa thèse.
(7) Parry Nutraceuticals Organic Spirulina Manufacturing Process, film promotionnel, Youtube, juillet 2016, 1 minutes et 15 secondes.
(8) Zhang Cheng-Wu et al. April 1994. Pub. In Proc. of Second Asia Pacific Conf. On Algal Biotech. Univ of Malaysia. P.58. China.
(9) Il nous est difficile de donner des sources sans risquer de crisper les tensions. Cet article n'a pas pour but de discrédité la filière française, mais de la relativiser face aux fermes tropicales trop souvent décriées. Nous invitons le lecteur à effectuer ses propres recherches sur Internet pour trouver des éléments au sujet des lots français parfois contaminés.
(10) La capacité moyenne d'une ferme française reste inférieure à une tonne. Analyse de la faisabilité d'un couplage de production de biogaz et spiruline. Etude réalisée pour le compte de l'ADEME par DECID & RISK et ESETA, coordination technique ADEME : Julien THUAL, octobre 2015, page 21.
(11) En juin 2019 Algae Natural Food est entrée en liquidation judiciaire. Nous soutenons Francis Kurz, son fondateur, qui partage notre vision de la transparence et de la qualité : https://actulegales.fr/recherche/siren/801343062
(12) Ralf Schäfer and al, Universtié de Coblence, Allemagne, 2014. L'étude mentionne plusieurs pesticides, antibiotiques, désherbants, insecticides et antifongiques.
(13) Les algues à l'assaut du réchauffement climatique, Les Echos, Richard Hiault, septembre 2019. https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/les-algues-a-lassaut-du-rechauffement-climatique-1133879 . En effet, la spiruline est capable de produire plus de 16 tonnes d’oxygène, par hectare et par an, et de capter 23 à 40 tonnes de CO2. C’est 6 à 10 fois plus qu’un arbre. Ce dernier en capte maximum 4 tonnes dans les mêmes conditions. La culture de spiruline à grande échelle pourrait être une solution pour lutter contre la pollution sur la planète et permettre un rééquilibrage O2/CO2.