Ce qu'il faut retenir :
- Le sucre du lait, le lactose, est souvent mal digéré par les adultes, il cause ballonnements, crampes et diarrhées.
- La lactase est l’enzyme intestinale qui permet de le digérer et son activité diminue naturellement avec l’âge.
- La prise d’un supplément en lactase permet de mimer l’action de l’enzyme pour éviter les troubles digestifs.
Lactose par ci, sans-lactose par là… Encore un mot-clé dont on a appris à se méfier, sans toujours savoir ce qu’il cache. Mais c’est quoi le lactose au juste ? Le lactose est tout simplement LE sucre du lait et de ses dérivés. À notre naissance nous consommons une quantité notable de lait et l’activité de notre digestion du lactose tourne alors à plein régime. Mais vient le jour où ce n’est plus bébé qui gazouille mais ventre qui gargouille. Alors pourquoi devient-on sensible à la consommation de lait passé le cap adulte ? Car s’il y a bien un label “Free-from” (comprenez “sans... mettez-la substance-que-vous-voulez”) qui fait sens, c’est bien celui-là.
Le lactose : le sucre du lait
Puisque le lactose est le sucre du lait, on se doute aisément qu’on va retrouver du lactose dans tous les produits laitiers, avec des taux variables* :
- Lait (liquide) : 4,6 g pour 100 ml
- Lait (en poudre) : 53,1 g pour 100 g
- Yaourt nature : 2,1 g pour 100 g
- Crème fraîche : 1,9 g pour 100 g
- Crème glacée : 4,5 g pour 100 g
- Crème pâtissière : 3,1 g pour 100 g
- Fromage frais : 3,1 g pour 100 g
- Beurre : 0,8 g pour 100 g
- Fromage à pâte pressée cuite (emmental, comté) : traces
Pour digérer le lactose, et donc ces aliments, l'organisme fait appel à une enzyme, la fameuse lactase ou β-galactosidase, produite au niveau de la bordure en brosse de l’intestin grêle (petit intestin). Elle dégrade le lactose en deux unités de sucre : le glucose et le galactose. Ces derniers pourront alors être facilement absorbés pour rejoindre la circulation sanguine. Mais puisque c’est aussi simple, qu’est-ce qui déraille quand on devient adulte ?
Consommer du lactose : panique à bord ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que la digestion du lactose est totalement dépendante de la lactase. Quand son activité est affaiblie cela génère différents niveaux de malabsorption voire une intolérance et le lactose est alors dit “maldigéré”. Il rejoint alors notre côlon tel quel (le principal foyer de notre microbiote) où il va être fermenté par le microbiote et va entraîner une entrée d’eau. Certains d’entre vous reconnaîtront des signes caractéristiques comme des douleurs abdominales, crampes, gaz, diarrhées… Pas drôle lorsque la consommation de lactose se transforme en rave party intérieure [1,2]. Pour résumer : pas de lactase = pas de digestion du lactose = fiesta dans vos intestins si vous mangez un produit laitier.
Les causes de l’intolérance au lactose
Notez-bien que l’intolérance n’a pas de caractère allergique. Rien à voir par exemple avec l’allergie aux protéines de lait de vache, presque exclusivement présente chez des enfants de moins de 3 ans. Elle correspond à une malabsorption du lactose suite à un déficit enzymatique, diminution de la production de lactase, et concerne principalement les adultes. Cette malabsorption peut-être plus ou moins sévère et concernerait plus de 70% de la population mondiale [3].
Quatre causes de déficience en lactase et donc de malabsorption du lactose [4–6] :
- La cause primaire (de très loin la plus répandue) : Le déclin de l’activité de la lactase est un processus physiologique et naturel qui peut avoir lieu dès 2 ans. Il est observé une sorte de “prédisposition” en fonction de l’origine ethnique. En France, la prévalence est en moyenne de 36%, contre quasiment 100% dans certains pays d’Afrique centrale. L’âge de déclin de l’activité de la lactase est aussi plus ou moins rapide à apparaître selon les pays : avant 2 ans en Thaïlande, 10-15 ans dans les pays nordiques.
- La cause secondaire : le “petit intestin” est atteint par une pathologie (des lésions, de l’inflammation…).
- La cause développementale : déficience en lactase qui survient suite à une naissance prématurée se traduisant par des troubles tardifs de malabsorption.
- La cause congénitale : déficience en lactase génétique rare s’exprimant dès la naissance.
Alors, supplément en lactase ou pas ?
Les produits laitiers sont des sources importantes de protéines et de minéraux (notamment calcium) et certaines populations en ont particulièrement besoin : femmes en âge de procréer, personnes âgées, lacto-végétariens... Et comment faire lorsqu’on est touché par une telle intolérance, et qu’on veut vivre normalement ? Sortir sans avoir à éviter le dessert ? Ne pas transpirer à la simple vue de la tarte à la crème de belle-maman ? (OK, il y a peut-être d’autres raisons pour cette phobie…)
N’allez pas penser que nous affirmons que tout le monde a besoin d’un supplément en lactase à partir d’un certain âge, car le seuil de tolérance au lactose et les troubles digestifs associés varient d’un individu à un autre. Un supplément en lactase bien dosé est cependant une solution nutraceutique simple et qui peut parfois vous sauver la vie dans certaines situations ! [7]
* : (la composition nutritionnelle des aliments est consultable sur le site de l'ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, l'environnement et du travail)
Publications
1. Burgain, J.; Gaiani, C.; Jeandel, C.; Cailliez-Grimal, C.; Revol, A.-M.; Scher, J. Maldigestion du lactose : formes cliniques et solutions thérapeutiques. Cah. Nutr. Diététique 2012, 47, 201–209, doi:10.1016/j.cnd.2012.02.005.
2. Ugidos-Rodríguez, S.; Matallana-González, M.C.; Sánchez-Mata, M.C. Lactose malabsorption and intolerance: a review. Food Funct. 2018, 9, 4056–4068, doi:10.1039/C8FO00555A.
3. Lomer, M.C.E.; Parkes, G.C.; Sanderson, J.D. Review article: lactose intolerance in clinical practice - myths and realities: REVIEW: LACTOSE INTOLERANCE IN CLINICAL PRACTICE. Aliment. Pharmacol. Ther. 2007, 27, 93–103, doi:10.1111/j.1365-2036.2007.03557.x.
4. NIH Lactose Intolerance; 2014; p. 12.
5. Fassio, F.; Facioni, M.; Guagnini, F. Lactose Maldigestion, Malabsorption, and Intolerance: A Comprehensive Review with a Focus on Current Management and Future Perspectives. Nutrients 2018, 10, 1599, doi:10.3390/nu10111599.
6. Storhaug, C.L.; Fosse, S.K.; Fadnes, L.T. Country, regional, and global estimates for lactose malabsorption in adults: a systematic review and meta-analysis. Lancet Gastroenterol. Hepatol. 2017, 2, 738–746, doi:10.1016/S2468-1253(17)30154-1.
7. Montalto, M.; Curigliano, V.; Santoro, L.; Vastola, M.; Cammarota, G.; Manna, R.; Gasbarrini, A.; Gasbarrini, G. Management and treatment of lactose malabsorption. World J. Gastroenterol. 2006, 12, 187, doi:10.3748/wjg.v12.i2.187.