Ce qu'il faut retenir :
- Avec l’âge, nos défenses antioxydantes déclinent et il est tentant d’aider son organisme avec une supplémentation.
- Fiez-vous absolument à la science plutôt qu’aux fantasmes de vie éternelle et autres mythes qui entourent les antioxydants.
- Certains antioxydants innovants permettent d’agir au niveau de l’expression génétique pour ralentir le vieillissement cellulaire.
Les antioxydants, une arme fatale contre le vieillissement
Pour lutter contre le vieillissement cellulaire, notre organisme peut s’appuyer sur deux lignes de défense qui assurent la protection et la réparation de nos systèmes biologiques :
- Les antioxydants endogènes, ceux que notre corps peut produire, et dont le nom peut faire un peu peur : superoxyde dismutase, gluthatione peroxydase, coenzyme Q10...
- Les antioxydants exogènes, que vous connaissez certainement mieux : vitamines C et E, bêta-carotène et polyphénols sont les plus célèbres, et nous les trouvons dans notre alimentation [1,2].
Seulement voilà, avec le temps, l’organisme est assailli par une accumulation de stress oxydatif [1,3], et la première ligne de défense vacille. Il est alors tentant de muscler la seconde par des apports externes d’antioxydants. Et devinez qui débarque avec gros sabots ? « Moi j’ai plus de vitamines ! », « Moi j’ai plus de glutathion! », « Le mien est biodisponible ! ». Forcément. Face aux promoteurs de poudres de perlimpinpin, un manuel de survie face aux idées reçues sur les antioxydants s’impose [4,5].
Muscler ses défenses anti-âge via un apport d’antioxydant est une bonne idée. Mais sauriez-vous éviter les pièges tendus par les mythes entourant les antioxydants ?
Vérité et mensonges sur les antioxydants
1. Non, les antioxydants ne guérissent pas les maladies
Ni les vitamines, ni les polyphénols. En tout cas, pas en l’état actuel des recherches. Certaines molécules ont suscité l’intérêt, sans résultats [6], d’autres sont en cours d’étude, mais pas forcément pour leur activité antioxydante.
2. Plus j’en mets, mieux c’est
On ne le répétera jamais assez : les antioxydants fonctionnent en cycles et à très faibles doses. En apporter trop est au mieux inutile, au pire délétère, car cela peut perturber les cycles Redox ou causer une toxicité (Pour rappel : Redox = Réduction – Oxydation, c’est-à-dire je prends un électron - je donne un électron).
3. Ils peuvent devenir « pro-oxydants »
Ah le voilà le gros mot qui fait peur à tout le monde. Déjà, les rumeurs sur l’action pro-oxydante concernent essentiellement les hautes doses de vitamine C. Aussi, on n’a jamais montré que la toxicité induite ces doses était due à une action pro-oxydante [7]. Mais dans tous les cas, pourquoi diable voulez-vous absolument en prendre des kilos ??? Revoir Mythe n°2.
4. Tous les antioxydants se valent
Archi-faux, pour la bonne et simple raison qu’on ne sait pas lequel nous manque forcément. Surtout, de nouvelles études permettent aujourd’hui de sélectionner des antioxydants à l’action ciblée et spécifique. Ça ne sert donc à rien de se gaver de Vitamine C pour rajeunir.
Non, un antioxydant n’est pas une cure miracle contre tel ou tel maladie. Ce n’est pas non plus un poison. C’est avant tout un excellent outil de prévention.
5. Un antioxydant agit forcément en neutralisant des radicaux libres …
Là, on s’attaque à ZE MYTHE. Cette définition est devenue archaïque dès lors qu’on a admis qu’il y a d’autres antioxydants que la vitamine C, la vitamine E ou le bêta-carotène. Certes, les mécanismes antioxydants agissent via des équilibres Redox qui vont neutraliser les radicaux libres et transférer des électrons, on a donc besoin de capteurs/donneurs. Par contre, il n’est pas établi que les polyphénols agissent de la sorte (en tout cas pas uniquement), et certaines molécules n’interviennent pas directement, mais en amont, en aidant le corps à booster ses propres défenses [8].
6. …et s’autodétruit dans la foulée
Encore faux. Cependant, ils ont une durée de vie limitée, c’est-à-dire qu’après un certain nombre de « je reçois le ballon – je donne le ballon », ils deviennent inefficaces. C’est pour cela que le corps doit continuer à en produire, et qu’on peut avoir besoin de lui en apporter.
7. Mon « statut antioxydant » détermine mon état de santé
Faut-il vraiment revenir sur ce mythe ? Il y a bien évidemment plein d’autres facteurs qui déterminent votre état de santé. D’ailleurs, comment faites-vous pour mesurer votre « statut antioxydant » ? LOL.
La clé d’un apport d’antioxydant efficace ? Toujours la même rengaine : se baser sur les études scientifiques et respecter le dosage.
L’Antioxydant réinventé
Il est donc grand temps de repenser l’approche « Antioxydants ». Les dernières recherches nous permettent d’éviter l’apport inutile voire contre-productif de capteurs de radicaux qui risqueraient de perturber notre propre ligne de défense [9]. Après tout, si celle-ci décline, elle ne s’efface pas totalement ! Certaines molécules comme le sulforaphane ont démontré des effets en amont des cycles, sur la capacité même du corps à maintenir ses propres défenses [10,11]. On sait aussi que certains polyphénols protègent les télomères, et agissent directement sur le vieillissement cellulaire [12]. Enfin, certains déficits sont largement documentés (Sélénium, Q10) et une supplémentation préventive s’est montrée efficace [13]. Comme nous vous le recommandons régulièrement : fiez-vous aux dernières avancées scientifiques et aux études !
Publications
1. Liguori, I.; Russo, G.; Curcio, F.; Bulli, G.; Aran, L.; Della-Morte, D.; Gargiulo, G.; Testa, G.; Cacciatore, F.; Bonaduce, D.; et al. Oxidative stress, aging, and diseases. Clin. Interv. Aging 2018, Volume 13, 757–772, doi:10.2147/CIA.S158513.
2. Teleanu; Chircov; Grumezescu; Volceanov; Teleanu Antioxidant Therapies for Neuroprotection-A Review. J. Clin. Med. 2019, 8, 1659, doi:10.3390/jcm8101659.
3. Bonnefont-Rousselot, D. Stress oxydant et vieillissement. 2007, 4.
4. Fusco, D.; Colloca, G.; Monaco, M.R.L.; Cesari, M. Effects of antioxidant supplementation on the aging process. Clin. Interv. Aging 12.
5. Bast, A.; Haenen, G.R.M.M. Ten misconceptions about antioxidants. Trends Pharmacol. Sci. 2013, 34, 430–436, doi:10.1016/j.tips.2013.05.010.
6. Nelson, K.M.; Dahlin, J.L.; Bisson, J.; Graham, J.; Pauli, G.F.; Walters, M.A. The Essential Medicinal Chemistry of Curcumin: Miniperspective. J. Med. Chem. 2017, 60, 1620–1637, doi:10.1021/acs.jmedchem.6b00975.
7. Carr, A.; Frei, B. Does vitamin C act as a pro‐oxidant under physiological conditions? FASEB J. 1999, 13, 1007–1024, doi:10.1096/fasebj.13.9.1007.
8. Xia, E.-Q.; Deng, G.-F.; Guo, Y.-J.; Li, H.-B. Biological Activities of Polyphenols from Grapes. Int. J. Mol. Sci. 2010, 11, 622–646, doi:10.3390/ijms11020622.
9. Guilland, J.-C. Les interactions entre les vitamines A, D, E et K : synergie et/ou compétition. Ol. Corps Gras Lipides 2011, 18, 59–67, doi:10.1051/ocl.2011.0376.
10. Houghton, C.A. Sulforaphane: Its “Coming of Age” as a Clinically Relevant Nutraceutical in the Prevention and Treatment of Chronic Disease. Oxid. Med. Cell. Longev. 2019, 2019, 1–27, doi:10.1155/2019/2716870.
11. Santín-Márquez, R.; Alarcón-Aguilar, A.; López-Diazguerrero, N.E.; Chondrogianni, N.; Königsberg, M. Sulforaphane - role in aging and neurodegeneration. GeroScience 2019, 41, 655–670, doi:10.1007/s11357-019-00061-7.
12. Vidaček, N.Š.; Nanić, L.; Ravlić, S.; Sopta, M.; Gerić, M.; Gajski, G.; Garaj-Vrhovac, V.; Rubelj, I. Telomeres, Nutrition, and Longevity: Can We Really Navigate Our Aging? J. Gerontol. Ser. A 2018, 73, 39–47, doi:10.1093/gerona/glx082.
13. Alehagen, U.; Aaseth, J.; Alexender, J.; Johansson, P. Still reduced cardiovascular mortality 12 years after supplementation with selenium and coenzyme Q10 for four years: A validation of previous 10-year follow-up results of a prospective randomized double-blind placebo-controlled trial in elderly. PLOS ONE 2018, 1–15, doi:10.1371/journal.pone.0193120.