Vitamines

Vitamine et grossesse : lesquelles privilégier et éviter ?

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Ce qu'il faut retenir :

  • Les femmes enceintes ont des besoins spécifiques, légèrement différents de ceux de la population générale,
  • Il leur est notamment recommandé d’augmenter leurs apports de certaines vitamines,
  • Vitamine B9 (acide folique), Vitamine D et Fer sont les premiers micronutriments auxquels il faut penser.

Vous avez certainement vécu la scène, directement ou indirectement : mettez une femme enceinte dans un dîner, et ça devient LE centre d’attention. Et comme tout le monde est désormais nutritionniste qualifié, le brief de la conversation est tout trouvé : « Tu devrais manger des légumineuses », « ça c’est pas pour toi », « Et c’est quoi cette histoire de fraises en plein hiver » ? Deux ou trois choses se dégagent quand même de ce brouhaha : il paraît qu’il faut éviter le poisson cru, les fromages au lait cru, la charcuterie… Et les médecins disent qu’il faut prendre un cocktail de vitamines prénatales. OK, mais lesquelles ?

Les besoins spécifiques d’une femme enceinte

Une question très simple ouvre généralement le bal : « C’est vrai qu’on mange pour deux ? ». À poser au début du repas si vous voulez faire ça bien.

C’est en partie vrai : l’apport énergétique est augmenté de 70 à 500 kcal (kilocalories) par jour, selon le trimestre de grossesse (1). On est tout de même loin de « manger pour deux », puisqu’on parle d’une augmentation de 5 à 25%... Cela concerne aussi certaines vitamines et minéraux (1), et trois d’entre eux reviennent fréquemment :

  • La vitamine B9,
  • La vitamine D,
  • Le fer.

Acide folique (vitamine B9) : la base

Tout cocktail réussi se doit d’en proposer. En effet, les besoins en B9 ne cessent d’augmenter au cours de la grossesse (2). Elle est essentielle à la formation du fœtus, notamment pour la fermeture du tube neural (qui une fois le développement fini donnera l’encéphale et la moelle épinière). Un déficit en vitamine B9 augmente notamment le risque de malformations congénitales comme la spina bifida par exemple (3, 4).

C’est au tout début de la grossesse que le tube neural se développe. Ainsi, il est conseillé de démarrer une supplémentation en acide folique dès le désir de l’enfant (5, 6). La supplémentation doit ensuite se poursuivre pendant les 3 premiers mois de la grossesse.

Mais ça, les principales concernées le savent déjà, puisque les médecins prescrivent automatiquement de l’acide folique dès le début du projet de grossesse. Optez plutôt pour une forme bio-identique (folates) pour une meilleure assimilation.

La vitamine D : indispensable dès la vie fœtale

La vitamine du soleil est tout aussi indispensable pendant la grossesse pour le développement optimal du fœtus. D’une part, elle régule l’équilibre phosphocalcique et joue un rôle majeur dans la croissance osseuse ; d’autre part, elle intervient dans la division des cellules. Quand on sait que le corps la synthétise grâce à l’exposition au soleil, on imagine aisément que le fœtus dépend totalement de sa mère pour la vitamine D. Or la population française est majoritairement déficiente (7), et les femmes enceintes n’échappent pas à la règle (8, 9). Un déficit en vitamine D (statut sanguin) peut avoir des répercussions directes sur la santé de la mère et du nouveau-né. Il augmenterait le risque de fausse-couche en début de grossesse (10, 11) et pourrait augmenter le risque de retard de croissance du nouveau-né (12).

Lorsqu’on sait qu’il est difficile d’atteindre des niveaux d’apports idéaux et que la femme doit rester prudente vis-à-vis de l’exposition au soleil en prévention d’une grossesse, une seule solution : se supplémenter.

Le fer : ni trop... ni trop peu

Nos globules rouges sont chargés d’hémoglobine composée de fer dont le job est de transporter l’oxygène vers les organes vitaux. Avec le futur bébé, la femme enceinte voit son volume sanguin maternel augmenté et logiquement, les besoins en fer suivent la même tendance.

Or une déficience en fer fait planer un risque d’anémie et de toutes ses conséquences possibles, allant d’une simple fatigue à des problèmes bien plus graves (accouchement prématuré, faible poids à la naissance …) (13, 14).

Il est donc recommandé de surveiller de près son apport en fer et, contrairement à une idée reçue qui affiche l'épinard comme l’aliment ultime, la viande rouge reste une source de choix. Qui plus est, le fer sera de forme héminique, soit directement intégré à son co-facteur, et donc de meilleure biodisponibilité. Consommer des fruits qui regorgent de vitamine C à la fin des repas riches en fer permet par ailleurs d’améliorer l’assimilation (15).

Enfin, si et seulement si, vos résultats d’analyse sanguine montrent une déficience en fer, la nutraceutique peut compléter votre apport, même si les formes biodisponibles et sans effets secondaires sont rares (16, 17).

Quelle vitamine éviter pendant la grossesse ?

Si certaines vitamines doivent être augmentées, d’autres prises en excès peuvent avoir des conséquences néfastes. Notamment la vitamine A, dont un excès peut engendrer des risques de malformation du fœtus. Mieux vaut donc privilégier le bêta-carotène, un précurseur de vitamine A (18), que le corps transforme en vitamine A (rétinol), seulement selon les besoins (19).

Publications

(1)https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2017SA0141.pdf
(2) Berti C et al. Folate intake and markers of folate status in women of reproductive age,pregnant and lactating women: A meta-analysis. J. Nutr. Metab. 2012;2012:470656.
(3) B Christensen, D S Rosenblatt. Effects of folate deficiency on embryonic development. BaillieresClin Haematol. 1995 Sep;8(3):617-37.
(4) Laura E Mitchell et al. Spina bifida. Lancet. 2004 Nov 20-26;364(9448):1885-95.
(5) Bukowski R. Preconceptional Folate Supplementation and the Risk of SpontaneousPreterm Birth: A Cohort Study. 2009 May 5;6(5):e1000061.
(6) ​James A Greenberg​, MD,1 ​Stacey J Bell​, DSc, RD,2 ​Yong Guan​, MD,3 and Y​ an-hong Yu​,MD, PhD4; Folic Acid Supplementation and Pregnancy: More Than Just Neural Tube DefectPrevention; ​Rev Obstet Gynecol​. 2011 Summer; 4(2): 52-59.
(7) Statut en vitamine D de la population adulte en France : l’Etude nationale nutrition santé(ENNS, 2006-2007).
(8) Bruce W Hollis, Carol L Wagner. New insights into the vitamin D requirements duringpregnancy. Bone Res. 2017; 5: 17030.
(9) Miriam K. Gustafsson et al. Alterations in the vitamin D endocrine system duringpregnancy: A longitudinal study of 855 healthy Norwegian women. PLOS ONE |https://doi.org/10.1371/journal.pone.0195041 April 11, 2018.
(10) Mumford, SL, et al. Association of preconception serum 25-hydroxyvitamin Dconcentrations with livebirth and pregnancy loss: a prospective cohort study. The LancetDiabetes & Endocrinology, 2018 DOI: 10.1016/S2213-8587
(11) Gonçalves DR, Braga A, Braga J, Marinho A. Recurrent pregnancy loss and vitamin D: Areview of the literature. Am J Reprod Immunol. 2018 Nov;80(5):e13022.
(12) Alison D. Gernand et al. Maternal Serum 25-Hydroxyvitamin D and Measures ofNewborn and Placental Weight in a U.S. Multicenter Cohort Study. J Clin Endocrinol Metab.2013 Jan; 98(1): 398–404.
(13) Christian Breymann. Iron Deficiency Anemia in Pregnancy. Semin Hematol. 2015Oct;52(4):339-47.
(14) Yi SW et al. Anemia before pregnancy and risk of preterm birth, low birth weight andsmall-for-gestational-age birth in Korean women. Eur J Clin Nutr. 2013 Apr;67(4):337-42. doi:10.1038/ejcn.2013.12. Epub 2013 Feb 1.
(15) S R Lynch, J D Cook. Interaction of vitamin C and iron. Ann N Y Acad Sci. 1980;355:32-44
(16) Nils Milman. Oral Iron Prophylaxis in Pregnancy: Not Too Little and Not Too Much ! JPregnancy. 2012; 2012: 514345.
(17) N Milman et al. Iron status and iron balance during pregnancy. A critical reappraisal ofiron supplementation. Acta Obstet Gynecol Scand. 1999 Oct;78(9):749-57.
(18) Grune, T., Lietz, G., Palou, A., Ross, A.C. et coll. (2010). B-carotene is an importantvitamin A source for humans. The Journal of Nutrition, 140(12), 2268S-2285S. Doi:10.3945/jn.109.119024.
(19) Thorne-Lyman A.L et Fawzi, W.W. (2012). Vitamin A and carotenoids during pregnancyand maternal, neonatal and infant health outcomes: a systematic review and meta-analysis.Pediatric and Perinatal Epidemiology, 26(Suppl. 1), 36-54.

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